Nous nous
préparons à notre installation sur la colline qui se fera dans un des tout
prochains jours. Il y a quelque chose d’assez exaltant de se trouver un peu
comme des moines du Moyen-Age devant tout envisager pour établir un
monastères : les lits, l’eau, les casserolle, les nappes pour l’autel de
la prière comme les assiettes pour la table commune, etc..
C’est
surtout notre économe Joseph (avec l’aide de l’un ou l’autre) qui se charge de
faire les achats nécessaires. Comme nous n’avons pas de véhicule (notre jeep
est dans le fameux container qui n’est pas pressé !) il nous arrive de
voir débarquer notre Joseph au Thabor en moto-taxi avec 4 gros bidons de 100
litres dont nous aurons besoin pour diverses ablutions avant d’avoir l’eau
courante. Le spectacle vaut le détour et je me réjouis de prendre des photos le
jour où il arrivera avec les quatre mousses de matelas en pareille équipage…
Mercredi
18. André et moi nous sommes rendus à la Procure diocésaine pour chercher un
document qui devait nous permettre de faire une suite de démarches. Comme,
selon des prévisions réalistes, on n’a pas pu avoir le document de départ, on
s’est retrouvé avec la matinée libre. Alors nous avons visité deux écoles, un
hôpital et une brasserie. Ce fut une belle journée.
D’abord un
lycée de jeunes filles : on y a rencontré une jeune religieuse avec une
chicotte (un fouet) pour dynamiser des lycéennes qui pendant les travaux manuels
doivent nettoyer les cours extérieures et les pelouses et qui se cachent dans
les coins pour parler de je ne sais quoi. La pauvre sœur était un peu
découragée…
Puis une
école primaire : pour aller chez la sœur directrice nous avons dû traverser
la cour-pelouse et subir les acclamations et le délire des enfants (les salles
n’ont pas de porte), qui ont eu droit à un cours gratuit d’ethnologie
puisqu’ils voyaient un blanc passer… Cela a été dur de ramener le calme,
surtout lorsqu’on a visité « une » classe au grand dam de toutes les
autres…
Puis un
hôpital : immense et avec plutôt bonne allure à l’extérieur,
malheureusement rien ne va à l’intérieur. L’hôpital a les salles et le
personnel (très mal payé) pour 500 lits mais il n’y a que 130 en fonction,
faute de moyens, et la pharmacie a du matériel pour encore moins de lits. Le
directeur est un ami d’André et il est un peu désespéré car l’Etat tente de
bloquer les salaires des médecins à 50 dollars par mois (vous avez bien lu
cinquante dollars par mois) ! A l’entrée de l’hôpital il y a une ambiance
bon enfant. Du linge sèche dans l’herbe et les familles préparent à manger pour
leur malade. Mais c’est comme cela dans beaucoup de pays du monde…
Puis une
brasserie, en fait « la » brasserie de la province. On se serait cru
à la Cardinal. L’usine est bien tenue, nous avons été très bien traités après
que nous avons dit que nous voulions visiter un fleuron industriel de la ville.
Et ce n’était pas de la lèche à bon marché. Cette usine est un miracle (peut-être
parce que tout en étant locale, elle fait partie d’une holding internationale
qui n’a qu’une concurrente au Congo). Tout est propre et bien organisé, même si
la plupart des machines datent d’avant l’indépendance de 1960. La visite fut
intéressante et désaltérante. Comme quoi avec un peu d’organisation, on peut
faire quelque chose de bien dans ce pays…
Vendredi
20. C’est mon tour d’accompagner Joseph aux achats : cette fois-ci nous
devions acheter une immense marmite pour bouillir l’eau et des braseros à
charbons pour faire la cuisine. La marmite achetée a donné lieu à une
attraction dans le marché et la rue. Joseph marchait devant avec le couvercle et
« le blanc » derrière avec la marmite dans le dos. Ce spectacle a
quelque chose d’impossible en Afrique. Pour diverses raisons qui conjuguées ont
fait de moi « l’histoire du jour » au marché de Kananga. Premièrement
il est indigne d’un homme en Afrique de l’occuper de casseroles... et surtout en
public. Deuxièmement : un blanc comme "porteur" derrière un noir, ils n’en
revenaient pas… Et puis finalement une grosse casserole sur un blanc devait peut-être
leur faire penser à un blanc dans une grosse casserolle. Mais là je rigole… il faut
dire que sur le chemin, je n’étais pas toujours à la fête !
Bonsoir Guy,
RépondreSupprimerJe lis avec beaucoup de joie, de plaisir et d'émotion tes "aventures" au Congo.
Je dois dire que j'ai essayé de t'imaginer avec une casserole sur le dos...la scène devait être particulière.
Je porte dans ma prière ta mission en terre africaine et les habitants du Congo.
Avec mon amitié Marion