Samedi
Saint au matin. Nous nous rendons à Malandji pour une visite de chantier avec
le mukulu architecte (ses ouvriers l’appellent avec la même épithète que Dieu
en tshiluba, ce qui doit être bon signe). Il nous emmène dans sa camionnette
dont le pont est envahi par ses gars qui vont travailler. Nous partons à toute
allure et prenons les gendarmes couchés dans les poussières et les secousses.
Le véhicule semble souffrir autant que nous. Et donc dans la montée de la
colline, panne. On (pas moi !) s’affaire sur le moteur, avec clés à
molette et beaucoup de perplexité. Mais pas moyen de repartir, si ce n’est à
pied… pour le dernier quart d’heure avant le sommet. Petit pèlerinage pascal
très apprécié, parce que le temps est beau et pas trop chaud et que l’arrivée à
Malandji vaut la peine d’être goûtée à petites doses, avec l’allée des vieux
arbres (manguiers), le clocher ocre, le petit sanctuaire, la maison, l’église
qui se découvrent kakese kakese (petit à petit)…
Inspection
de la maison. Toujours pas d’eau courante, mais le monsieur du forage nous a
rejoints et pourra clarifier les choses. Toujours pas d’électricité mais les
électriciens sont dessus. Toujours pas de meubles, mais cela viendra en
dernier, lorsqu’on aura enlevé la poussière et les gravas des premières
chambres et l’eau qui a envahi la dernière lors de la dernière nuit de pluie
(c’est la saison). Mais les fenêtres sont finies, les portes ont l’air de
fermer normalement, il faudra mettre des planchettes pour récupérer des
ajourements pas très catholiques… En gros cela va. La grande salle (qui sera notre
réfectoire et notre salon) a de l’allure, la cuisine est presque finie (sans sa
cuisinière et son évier mais ce dernier va être posé tantôt), la buanderie
n’attend plus que quelques carrelages et les toilettes, la peinture et les
sièges… Enfin bon. On est optimiste. Si on n’a pas pu s’installer le jeudi
saint comme nous rêvions, peut-être qu’à la fin de la semaine pascale…
On passe aux
projets de travaux futurs du côté du « bâtiment-de-devant » qui pour
le moment n’a que le toit et les murs. Il nous faudra en urgence y installer un
oratoire; l’architecte note. On parle de la suite, l’architecte note toujours
mais mais plus nonchalamment puisque nous donnons l’impression de ne pas trop
savoir encore ce que l’on veut faire de ces différentes pièces (des chambres,
des parloirs, une bibliothèque et un secrétariat, en vrac !). Devis,
budget et musique d’avenir.
Et
maintenant l’eau. Nous pensons réparer (faire réparer bien sûr !) la
vieille citerne qui rouille dans la cour intérieure et récolte l’eau des toits.
Il faudra l’élever pour l’alimentation en eau non potable. A l’extérieur on va
forer un puits et monter un château d’eau. On détermine l’endroit. Mais le
monsieur du forage est coriace, il veut toujours ses dollars pour l’étude, nous
rabaissons le prix au deux-tiers. Et il est content. et du coup on regrette de
ne pas être descendu encore plus ! On peut rentrer à Kananga avec lui et
l’architecte. Au retour nous dépassons la voiture en panne et en rade sous un
arbre où on l’a déplacée pour attendre le mécanicien que notre architecte a
appelé à Kananga.
Au Thabor,
notre plus proche voisin de Malandji et sa femme, Ignace et Thérèse, nous
attendent depuis 9h30 (il est presque midi mais ici ce n’est pas grave). Ils
sont venus se présenter et nous offrir en prémices de bon voisinage un régime
de bananes et quelques racines de manioc…
(Le lundi
de Pâques, nous retournerons sur
notre colline avec des outils pour désherber et assainir notre cour centrale
afin que nous puissions y planter rapidement du gazon et des fleurs. Cela,
peut-être arriverons-nous à le faire nous-mêmes, mais il paraît que le gazon ce
n’est pas si facile que cela à semer juste…)
Veillée
pascale. Belle liturgie à la cathédrale avec notre évêque et des baptêmes de
jeunes adultes. Deux chorales assuraient l’animation. Devant, la chorale en
tshiluba et à la tribune tout là-là une chorale franco-latine (=qui chante en
français et latin). Ici la liturgie a une certaine force à la fois naïve,
décomplexée et solide, que j’apprécie (c’est assez loin de l’image de la
liturgie africaine, agitée et dansante, que j’avais forgée en Europe). C’était
simplement « catholique ». J’ai compris la vigueur de notre rite
catholique surtout au moment des baptêmes. Les différentes parties du sacrement
se sont déroulées sans grande proclamation ; dans une semi obsucurité,
cierges allumés… pendant les différents gestes, arrivait de la tribune ce chant
de Pâque si beau en français : Ils
ont marché dans les ténèbres vers un pays de joie… C’était tout à fait
cela, alleluia.
Dimanche de
Pâques. Nous sommes invités à concélébrer la messe des jeunes à la paroisse
Saint-Paul. Mais cette paroisse est à l’autre bout de la ville. Seul moyen de
s’y rendre : les motos-taxis, dont on m’avait dit pis que pendre à
Kin ! Donc une occasion de tester ma confiance pascale en la vie. (En fait
et en route, je me demandais si c’était mieux de fermer les yeux ou de les
garder ouverts pour anticiper les secousses proches). Cela s’est bien passé. Et
la messe pascale avec l’abbé Jean-Pierre, vicaire et ami de mes diacres, était
parfaitement… pascale.
Avant la célébration dans l'église Saint-Paul :
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