Cela fait
un mois que nous sommes au Kasaï, mais nous ne sommes pas encore établis sur
notre colline. Ces derniers jours notre patience est soumise à rude épreuve. Au
fur et à mesure que notre installation est supposée s’approcher, nous la voyons
s’éloigner pour des contingences matérielles aussi banales, mais importantes
que l’eau et la sécurité.
Parce que
pour le moment, nous avons l’électricité à la maison (avec une génératrice
prêtée par l’archevêché) ; et tout notre matériel de vie (lits, tables,
chaises, casseroles, assiettes…) emprunté et acheté par-ci par-là est prêt à
être déménagé.
Lundi,
Nicolas est allé sur place avec les employés des télécoms locales pour voir si
la colline est atteinte par le signal internet. Après 3 heures de recherche et
de déplacement d’échelles, il semble qu’elle le soit, et dès notre installation
à nous, les fils de l’internet seront eux aussi installés. Drôle de monde et
d’époque, où il semble plus facile d’avoir le réseau web que l’eau
courante ! Enfin « semble » parce que pour le moment la colline
n’a ni l’un ni l’autre !
Tout donc est
bloqué et notre patience éprouvée à cause de l’eau et de la sécurité.
L’architecte devait sécuriser la maison en faisant monter des murs provisoires
aux ouvertures qui n’ont encore ni portes ni fenêtres (dans la partie qui n’est
pas encore restaurée). Il paraît – nous le savons grâce au Père Pascal, recteur
de Malandji, qui est notre espion sur place - qu’il a fait venir les briques
mais pas les ouvriers et que lui-même est parti à Kin sur un autre chantier. Pendant
une semaine rien n’a bougé, mais il semble que maintenant les ouvriers
travaillent.
Pour l’eau
c’est encore plus flagrant. Le foreur est en discussion avec la comptable de
l’archevêché sur le devis du forage et comme l’un et l’autre sont coriaces, il
semble que les choses ne bougent pas non plus. Il paraîtrait que lui aussi est
à Kin … et donc patience entre « il semble », « il
paraîtrait », « il faudrait »…
Mardi, je
suis retourné à la procure chercher le document après lequel je cours depuis deux
semaine. J’étais enjoué car j’avais rendez-vous à 10h30 avec le Père économe,
qui jouait jusqu’ici à l’Arlésienne. Je suis arrivé à 10h20 et j’ai attendu
jusqu’à 11h45. Je ne savais pas à quelle heure, ici, il est poli de ne plus
attendre et j’ai estimé que cela devait être aux abords de midi. Je repars et
reprends une moto-taxi (je n’en ai plus peur maintenant et je trouve cela même
très pratique). Arrivé à la maison, je reçois un téléphone de la procure me
disant que l’économe vient d’arriver (11h55) et qu’il regrette ; il a eu
un ennui mécanique. La conclusion est marrante. je demande à la dame s’il faut
que je revienne ; elle me répond que non, on me rappellera : « Pour
le moment, reposez-vous ! » Et donc, après le diner je me suis reposé
d’une matinée harassante.
Notre abbé
de Saint-Maurice a l’habitude de dire que les Suisses ont les montres alors que
les Africains ont le temps. Je crois que je deviens de plus en plus africain.
Dans la
nuit de mardi à mercredi, ma montre suisse s’est arrêtée. Sans raison, puisque
j’avais changé sa pile avant de partir. J’ai tapé dessus ; elle est
repartie. Mais je pense qu’elle a envie de devenir africaine.
Jeudi 26.
Nous faisons connaissance d’une nouvelle communauté de sœurs qui vient
s’intaller comme nous à Kananga. Congrégation de Saint Joseph de Tarbes. Une
française, deux indiennes et des africaines. La Française à qui je parlais
patience, me dit qu’elle avait une prière pour cela : « Seigneur,
donne-moi la patience, mais vite ! »
Perspectives
pastorales
Heureusement
pour occuper intelligemment mon temps, j’ai quelques perspectives pastorales.
Notre communauté a été approchée par le P. Jean-Marie, serviteur des pauvres
(ceux qui sont en soutanes blanches avec une ceinture noire alors que nous
c’est l’inverse) qui est responsable dans le diocèse pour les retraites,
récollections et formations.
Il serait
content de nous voir arriver dans ce domaine d’activités pour avoir d’autres
« voix » disponibles. Et cela peut être tout à fait dans la ligne de
notre ministère sur la colline. Donc je me mets à préparer des projets de
retraites et de récollection, que nous pourrons faire en mettant
progressivement en selle mes diacres.
Je mets au
point donc actuellement une retraite en 10 conférences sur une lecture
eucharistique de la parabole de l’Enfant prodigue : « Se laisser
réconcilier par l’Eucharistie ». C’est un travail intéressant et
nourrissant.
Mais comme
tout mon matériel est à l’intérieur de l’ordinateur (ma bible est dans le
container !), je dois jongler : travailler avec la batterie et
organiser de la recharger quand nous avons de l’électricité. Le temps est une
réalité précieuse… Ma montre ne s’est pas encore arrêtée.
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