Il y a une
insécurité dans cette ville et dans ce pays, mais personnellement je ne la sens
pas puisque je n’y vis pas depuis assez longtemps. Car le sentiment d’insécurité,
réel ou imaginaire, se fonde surtout sur un état d’esprit et s’y insinue
progressivement.
L’autre
jour, j’étais devant la maison et je me préparais pour mon cours de tshiluba
avec Sr Marguerite… La sœur arrivait à pied au bout du jardin et se fait brusquement
dépasser par une moto, vrombissante, avec un jeune en chemise blanche qui en
descend avec énergie et demande à me voir ; ce n’était rien de grave,
simplement un jeune peintre qui venait se présenter pour que, comme promis à
son adjoint la veille, je n’oublie pas de lui acheter une peinture quand je
repartirai en Europe. Promis. La sœur arrive apeurée : alors que je
m’éloigne déjà, elle demande au jeune qui il est, lui dit qu’on n’entre pas
dans les concessions comme cela…
Elle m’a avoué plus tard (elle qui, bien que fort sensible, en a déjà vu
de toutes sortes et ne s’en laisse plus conter) qu’elle avait cru que c’était
un des jeunes motards qui sèment la terreur en ville et que je devais être plus
prudent dans mes relations. Ce n’était en fait qu’un peintre sur soie… Mais
l’insécurité est là, dans les rues et surtout dans l’esprit des gens.
Hier soir , j’ai dévié une conversation avec Joseph là-dessus. Il m’a dit
qu’effectivement, il y avait eu dans la ville des disparitions et enlèvements
inexpliqués d’opposants (Kananga est le fief de l’opposition au gouvernement
central).
D’ailleurs cela a des implications même liturgiques, un vicaire de
paroisse nous avait dit que depuis peu, on ne veillait plus la nuit du Jeudi au
Vendredi Saints, que les groupes paroissiaux ne se relayaient plus à l’église
comme dans le temps. A cause de l’insécurité nocturne. Ce qu’a vécu Jésus au
Jardin des oliviers a un vrai écho ici…
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