Dimanche dernier, avec André, nous sommes allés participer à la messe de la paroisse
universitaire Saint Marc. Cette paroisse est assez cosmopolite, puisque les
étudiants viennent de différentes régions du Congo ; elle attire aussi (outre
des paroissiens du centre-ville où elle se trouve et qui aiment ce style assez
jeune), des notables et la haute de Kananga, notamment ceux qui sont
originaires d’ailleurs et qui ne maîtrisent pas complètement le tshiluba. La
messe est célébrée en français, la langue de l’école, de l’université et de
l’administration, alors que dans les autres paroisses c’est le tshiluba qui
domine.
Ce qui est peut-être intéressant, c’est que je
mette le doigt sur les différences avec une messe dominicale en Suisse romande :
Les chants
La chorale
est une chorale de jeunes. Les chants sont pour la plupart en français
(quelques uns en différents dialectes du Congo). Ce qui frappe, c’est cette
capacité à adapter le répertoire traditionnel français à la sauce africaine en
y mettant des rythmes souvent audacieux qui finissent par le rendre
méconnaissable. Certains compositeurs liturgiques doivent se retourner dans
leur tombe. Par exemple :
« O-o Seigneur toi qui sais pardonner… » est pris au synthé
avec un air qui évoque le sirtaki grec et qui vous balance cela dans une
mélopée lancinante, qui fait « vrai », une vraie imploration…
Certains de ces « arrangements » sont audacieux mais intéressants,
d’autres ne sont pas de très bon goût. Mais malgré tout, cela prie !
Le sermon
C’est le
dimanche du bon Pasteur, « qui connaît ses brebis et qui les aime ».
Le curé a prêché là-dessus, très longuement sans que personne s’en plaigne. En
fait les sermons en Afrique sont entrecoupés de dialogues brefs. Pour réveiller
ceux qui ne seraient pas attentifs, les prêtres les interpellent « frères et sœurs, alleluia … »
Et il faut répondre « amen », même
si ce n’est pas fini.
Aujourd’hui
le sermon est interactif. Le prêtre demande « dans
cette paroisse, qui est le premier berger ? ». Comme les réponses
traînent un peu, il reprend. « Vous
devez le savoir : qui est le premier berger de cette
paroisse ? » Certains ont alors répondu le curé. D’autres, aussi nombreux et en même temps : Jésus. Je pensais comme ceux-ci mais je
ne l’ai pas dit à haute voix puisque je concélébrais. C’est alors que
j’entends : « Ceux qui
répondent Jésus sont des païens ». Etonnamment, les gens n’ont pas été
aussi dépités que moi. C’est que tout le reste du sermon était construit sur la
hiérarchie dans la paroisse et dans les différents groupes paroissiaux.
Responsabilités du curé, des présidents et responsables divers… Donc il valait
mieux répondre « le curé »
à la question, sinon le sermon prenait l’eau. Jamais je n’aurai osé faire cela en Valais… mais bon !
La quête et les offrandes
Ici on fait
la quête en nature et en espèces. Puis à la procession des offrandes, on amène
vers le prêtre président le pain et le vin (et les laïcs qui apportent disent
au micro pourquoi ils apportent cela), puis idem pour les billets de la quête,
les bananes, le manioc, le riz, le pain, les sachet de cacahètes et de pâtes,
les savons et la poudre à laver…
Les annonces
C’est la
partie la plus folklorique et la plus longue de la messe et cela intervient à
la fin après la communion. Environ 20-30 minutes et on a l’impression que c’est
cela ne gène personne, au contraire. Petit florilège de ce qu’il y avait ce
dimanche :
1. le
président du conseil de paroisse annonce qu’une deuxième quête est faite pour
Caritas-Développement qui demande pour un projet d’aide aux plus nécessiteux
(construction de cases pour les sans-abri) que chaque paroisse de la ville
fournisse cinq planches et cinq tôles. Comme dimanche passé on n’a récolté que
39 dollars, ce n’est pas suffisant, alors on remet cela. Donc quête et chants.
2. Le
président du conseil de paroisse annonce les réunions des groupes de la
semaine : les mamans, les jeunes, les enfants, les étudiants, la Grue
( ? j’ai cru comprendre que c’était le groupe de réflexion sur l’unité et
l’engagement) etc. La paroisse m’a paru très vivante, et active à ce point de
vue.
3. Le
séminariste stagiaire est chargé de faire une petit apport sur « le signe
de la croix » : comment on le
fait, pourquoi on le fait, quand on le fait dans la messe et quand on ne doit
pas le faire. C’était pas mal et les gens ont applaudi, comme ici on
applaudit pour tous les sermons. Dimanche passé, il a fait un apport sur
« se tenir debout à la messe » et dimanche prochain : « se
tenir assis à la messe ».
4. le
président annonce que la quête de dimanche passé a rapporté tant. Puis il donne
les statistiques de présence à cette présente messe : nous sommes 519, 123
mamans, 174 papas (plus de messieurs que de dames !), 108 enfants et 114
étudiants. Il y a un responsable dans l’assemblée chargé de compter (je me suis
bêtement demandé comment il faisait pour distinguer les mamans des
étudiantes !)
5. Le curé
prend la parole pour présenter le « nouveau comité d’action pastorale ».
Il appelle 10 personnes à se faire applaudir devant l’autel.
6. le
président revient au micro pour annoncer que la quête a été comptée qu’elle a
rapporté tant et qu’une dame a promis de donner une tôle à la Caritas et un
monsieur cinq tôles. On applaudit ; l’honneur de la paroisse est sauf.
7. Le curé
demande aux nouveaux venus de l’assemblée de se lever (une dame avec un
bébé ; et quatre messieurs); on les accueille, on les applaudit et on leur
dit qu’on leur réserve la place où ils sont pour dimanche prochain.
8. Le curé
présente le blanc qui concélèbre. On lui souhaite la bienvenue. On espère qu’il
viendra prêcher dimanche prochain et on souhaite le meilleur à la communauté de
la colline de Malandji. Le blanc est invité à dire un mot. Il dit trois fois
merci en tshiluba, ce qui est applaudi avec chaleur.
Ouf c’est
fini et on peut finir la messe qui a commencé à 9h45. Il est midi passé.
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