52 ans plus
tard le pays est au bord de la guerre qui germe à l’est, du désastre
économique, politique et social. Beaucoup de gens ont décidé dans ces
conditions de faire de ce jour férié une « journée de méditation » à
la maison, protestation silencieuse, non-violente, plutôt que de participer à des
défilés et autres manifestations publiques et officielles.
Ce matin,
chez les sœurs bénédictines nous avons célébré la messe pour plus de justice
et paix dans le monde et dans le pays. Les textes que nous avons lus en la fête
liturgique des premiers martyrs de Rome (dans notre calendrier religieux pour
le 30 juin) prennent ici une coloration très spéciale et pathétique : « Qui
pourra nous séparer de l’amour du Christ ? La détresse ? le
danger ? l’angoisse ? la persécution ? la faim ? le dénuement ?
le danger ? le supplice ? L’Ecriture dit en effet : C’est pour
toi qu’on nous massacre sans arrêt, on nous prend pour des moutons d’abattoir ! »
(saint Paul aux Romains !). Il faut bien dire que la Bible, ce n’est pas
que de la poésie…
Mais il y a
des lueurs d’espoir. Hier je suis allé à l’Université de Kananga (la jeune Université
catholique Notre Dame du Kasaï) pour assister à la collation académique,
cérémonie de remise des diplômes de la première volée de médecins (une
cinquantaine). Parmi les lauréats se trouvait une grande amie de notre
communauté, Sr Chantal, de la congrégation du Cœur Immaculé de Marie
(CIM-Kananga). C’est elle qui m’avait invité.
Autorités académiques et politiques
Le Serment
d’Hippocrate durant la cérémonie
L’ambiance
de la cérémonie était un joyeux désordre, avec cris, sifflets et youyous à la
proclamation des noms de lauréats. Cela ressemblait un peu à nos remises de
diplômes en Suisse avec en plus : de nombreux coqs-cadeaux qui ont caqueté
bruyamment au milieu de l’assemblée. Sœur Chantal qui avait une troupe de
consoeurs, d’amis et de parents a surclassé en bruits divers tous ses
collègues ! J’étais très content pour elle.
Accueil du Dr sœur
Chantal à la sortie
Cette volée
qui a connu bien des vicissitudes durant le temps de sa formation n’a pas mâché
ses mots dans le discours qu’elle a adressé par son délégué au recteur et au
gouverneur (par interim, l’ancien ayant été tout récemment débarqué pour
insuffisance de résultats !). Ils souhaitent travailler pour le pays et
pour ses habitants en espérant que la bureaucratie ne mettra pas de bâtons dans
leurs roues, ce qu’elle semble avoir fait durant tout le temps de leur
formation.
J’ai
rencontré une belle troupe de jeunes et dynamiques médecins. L’espoir du Congo
est là.
Comme toujours à la
réception, on met le père blanc
à la place d’honneur !
à la place d’honneur !
Bonjour Guy, bonjour l'équipe de la Colline !
RépondreSupprimerEn vacances durant 15 jours, je n'ai pas suivi le blog. Mais il s'en passe des choses en 15 jours ! Et pourtant, il reste tant à faire. Je suis émerveillé par votre dynamisme et votre esprit positif. J'aime beaucoup aussi ces pointes de résignation lorsque tout ne va pas comme vous voulez. A travers ces remarques, il me semble ressentir au mieux cette Afrique, cette culture, ces mentalités, avec lesquelles vous devez composer. J'aime également les parallèles ou comparaisons avec notre vie européenne : ce sont autant de petites remises en question pour nous ! MERCI !
Comme on dit par ici : tout de bon pour la suite !