La fête de
Pentecôle s’annonçait mouvementée. Nous devions composer avec le curé parti
(qui revient faire ses adieux pour la fête et qui a la tendance en s’occupant
de certaines affaires de les compliquer à mesure), avec les chefs coutumiers
des villages environnants qui voulaient organiser une cérémonie d’accueil (mais
qui n’étaient pas d’accord entre eux sur la façon de le faire, parce que
certains voulaient simplement venir manger chez nous) et avec les groupes
charismatiques du coin qui voulaient animer la messe selon leur mode (et qui ne
s’entendaient pas sur la manière, ce qui est un comble pour des charismatiques).
Tout cela nous semblait beaucoup. Il fallait proposer un programme
organisé :
-10h30 messe d’accueil de la communauté, d’adieux
du curé et de venue de l’Esprit (cette dernière mention est un pléonasme
puisqu’il s’agit d’une messe).
-suivie de la cérémonie d’accueil des chefs
avec repas (à voir qui fait quoi ?)
-suivie, à 15h, de la célébration des
charismatiques (qui pourraient chanter et danser de tout
leur saoûl, avec notre participation et notre bénédiction et surtout celle de
l’Esprit Saint. Mais André a cru bon leur dire que la cérémonie de l’après-midi
ne les dispensait pas de la messe du matin !! Ce qui va certainement
déclencher d’autres problèmes…)
La guerre des Chefs
La
cérémonie d’accueil officiel des chefs nous posait problème car nous naviguions
dans le flou le plus artistique. Le soir de notre arrivée, le 8 mai, nous
avions déjà eu une cérémonie de bienvenue par les habitants. Nous leur avions
offert un café et de l’alcool. Mais la coutume des chefs coutumiers veut qu’il
y ait une cérémonie d’accueil plus officielle que la première, où normalement
on tue et mange une chèvre... Notre assistant pastoral Casimir avait organisé
une réunion d’une trentaine de chefs ou de leurs suppléants (autant qu’il y a
de petits hameaux autour de la colline, chaque groupe de cases ou clan familial
désignant un chef… d’après ce que j’ai compris).
Au cœur
d’un ensemble de palabres subtiles et diplomatiques, nous ne comprenions pas si
par cette cérémonie d’ « accueil », c’étaient nous qui les
accueillions ou eux qui nous accueillaient. Moi j’avais des raisons de ne pas
comprendre, mais les frères, tout Kasaïens qu’ils soient, n’en comprenaient pas
plus et cela les agaçaient un peu. On a fini par comprendre que les chefs
voulaient manger avec nous et se faire inviter par nous ! Ils avaient fait
passer entre eux le chapeau et avaient récolté 9000 Frc (9 Frs, 6 bières) que
Casimir nous a portés « comme participation au frais de repas ».
Finauds ces chefs ! Nicolas que ces attitudes poussaient peut-être à bout,
s’est demandé pendant un souper s’il ne fallait leur demander de venir en
habits coutumiers (pagnes de raphia, couvre chef avec des os, et peintures
diverses, comme dans les docs des années 60). S’ils nous mènent en bateau, on
va faire de même !
Et ils nous
menaient en bateau, parce qu’au fur et à mesure que la fête approchait on s’est
rendu compte
-que la politique entre les différents chefs est aussi compliquée qu’à Fully ou Chermignon…
-que finalement ils n’avaient pas de chèvre à nous offrir, ou peut-être dénicheraient-ils un vieux bouc quelque part…
-que la politique entre les différents chefs est aussi compliquée qu’à Fully ou Chermignon…
-que finalement ils n’avaient pas de chèvre à nous offrir, ou peut-être dénicheraient-ils un vieux bouc quelque part…
-qu’ils
venaient volontiers manger chez nous (tiens donc !)
-que tous n’étaient pas d’accord et que certains faisaient secession (ne viendraient pas à la fête et en organiseraient une autre à un autre moment). L’ambiance quoi !
-que tous n’étaient pas d’accord et que certains faisaient secession (ne viendraient pas à la fête et en organiseraient une autre à un autre moment). L’ambiance quoi !
Une belle journée
La journée
fut magnifique. Nous avons vécu une belle messe que j’ai présidée, assisté de
mes frères diacres et du curé partant. Avec ce dernier nous avons assuré la
prédication en deux parties chacun dans sa langue maternelle, dans un beau
témoignage de « parlers en langues diverses ».
prédication en langue … française
La nef
était bien remplie, sur notre droite: la chorale qui cria de beaux cantiques,
sur notre gauche: la communauté de bénédictines dont le silence fut très pieux.
A la fin, deux ou trois chefs ont offert des cadeaux à tour de rôle (dont des
légumes, un coq et un petit bouc)…
le petit bouc (dont les frères m'ont confié la garde!) et les légumes, au coin de notre
cour intérieure
un chef offre à la communauté un bidon d’huile
Et j’ai
fait un remerciement largement distribué à la ronde comme il se devait. Nous
avons offert des beignets à toute l’assemblée à la sortie de la messe, ce qui
engendra une ruée et fut très apprécié. Puis – ô surprise – plus de trente
chefs sont venus chez nous pour partager dans notre zone de chantier le repas
de fête : foufou, poissons grillés et beaucoup de bières. Il y avait nettement
plus de chefs au repas qu’à la messe. Moi comme Valaisans cela ne m’a pas
étonné. Il semble que je suis plus habitué de ce fait que mes frères qui n’en
revenaient pas et qui voulaient limiter les bières à six bouteilles. Mais
finalement nous nous sommes montrés grands ! Et les chefs ont bien bu, ont
bien mangé et sont partis contents….
repas des chefs
Nous avons
mangé avec nos sœurs bénédictines dans notre réfectoire et partagé avec elles
l’après-midi dans une bonne ambiance jusqu’aux vêpres solennelles…
les deux curés un peu tassés par la journée et le vin de palme.
Et la
rencontre des charismatiques de l’après-midi a été renvoyée au dimanche
suivant. Car finalement tous les jours sont bons pour louer et implorer
l’Esprit et pour aujourd’hui nous avions eu suffisamment de remue-ménage pour
que l’Esprit pentecostal s’estime bien fêté et dignement célébré.
Je ne me lasse pas de tes récits si imagés et si bien racontés !
RépondreSupprimerVoilà une fête de la Pentecôte mouvementée !!!