samedi 2 juin 2012

«Toi, tu viens construiser ici ?»


Le chantier de notre maison est un vrai panier de crabes posé sur un tas d’ennuis, de péripéties diverses, de luttes intestines et sournoises entre les ouvriers, les architectes, les superviseurs et les villageois qui se précipitent pour avoir des petits boulots avec pelles et brouettes. Avant notre arrivée, des sacs de ciment s’étaient volatilisés bizarrement. Tout le monde accuse tout le monde. L’ancien curé s’y est mêlé jusqu'au cou, et ne s’en est pas tiré à son avantage. Nous, nous naviguons à vue au milieu de ces écueils qui ont tendance tantôt à nous faire sourire, tantôt à nous agacer souverainement. Nous vivons dans un chantier continuel, matériellement, diplomatiquement, psychologiquement. C’est comme si nous reproduisions autour et dans notre maison ce que se vit en plus grand dans et autour du Congo !

La maison a été projetée et commencée dans les années 80 en prévision du grand Jubilé  centenaire de l’Eglise du Kasaï de 1991, mais elle n’a jamais été finie ayant dû traverser des viscissitudes financières puis celles des pillages de la fin des années 90.

Elle est composée de trois parties qui se déploient autour d’une grande cour centrale que nous allons aménager dès que possible en jardin avec gazon, arbres et fleurs. De chaque côté de la cour se font face l’aile que nous habitons et qu’un architecte a réhabilitée avec plus ou moins de bonheur et une autre partie dans laquelle nous devons terminer notre petit oratoire, des chambres et des parloirs…

Les trois ailes de notre maison 
(à gauche la partie restaurée, 
au milieu derrière : le presbytère, 
à droite : la partie à restaurer)

Sur un petit côté de la cour se trouve la maison que notre prédécesseur habitait et où logent maintenant les maçons et autres ouvriers qui ne rentrent pas tous à Kananga le soir. Cette partie « presbytère » donne sur l’extérieur. Nous pourrons y aménager des salles d’accueil, des chambres et peut-être aussi un magasin de première nécessité et un petit centre de premiers soins. Musique d’avenir !

L’aile à restaurer
L’aile restaurée
L’aile presbytère vue de l’extérieur

Maintenant, sur mandat de l’archevêque qui est maître d’œuvre, la première équipe d’un premier architecte (qui n’a pas suscité chez nous ni chez l’archevêque totale satisfaction et enthousiasme – euphémisme poli !) doit finir son travail, puis une deuxième équipe d’un deuxième architecte (qui a été l’élève du premier !) doit prendre le relais.
Nous avions pris l’option de laisser la première équipe achever son travail avant de faire venir la deuxième, pour éviter une bataille rangée. Mais la première équipe qui a déjà été payée fait traîner les choses en longueur et le deuxième architecte veut au moins voir ce qu’il y a à faire… La confrontation eut lieu l’autre soir. Le deuxième architecte vient inspecter la partie qui lui revient à restaurer et tombe sur les ouvriers et le superviseur du premier qui ne les avaient pas avertis de l’état de la situation. Les esprits s’échauffent à propos d’un crépissage gondolant…
Le superviseur du premier architecte veut prendre de haut l’architecte intrus et lui lance : « Toi tu viens construiser ici ? ». La faute de français a signé sa perte. L’autre n’a pas répondu. Nous non plus…

Suite de la guerre des nerfs dans un prochain article.

Ma chambre

Le réfectoire

 Le coin salon


4 commentaires:

  1. Bonjour Guy !
    La question revient toujours chez les Dames des Granges : "et le container, ils l'on reçu ?". En avez-vous des nouvelles ?

    Aujourd'hui à Salvan, messe gospel animée par Les Compagnons du Jourdain. Serons donc encore plus particulièrement en lien avec vous !
    Bon dimanche !

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  2. Cher Guy,

    j'ai été très contente de découvrir ton blog, via le bulletin de paroisse. J'ai lu avec intérêt tes récits, et je me rends compte que tu vis une expérience intense et riche.

    Ici la vie est plus calme, bien sûr !

    Je me réjouis de lire la suite. Bien à toi, Marie-Luce

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  3. Bonsoir Guy,

    C'est avec beaucoup d'émotion, de joie que je lis ton aventure au Congo. Peut être qu'à ton retour tu devrais écrire un livre sur "les aventures d'un curé de montagne au Congo".
    Je te tiendrais au courrant par mail de la messe des familles de la fête Dieu.
    Avec mon amitié Marion

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  4. Bonjour Guy,

    Quelle vie mouvementée ! Espérons que tout se termine bien !

    Salutations de Champéry, où il pleut !

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