C’est le
début mai. Comme nous sommes au sud de l’équateur, les feuilles tombent (mais
puisque nous sommes sous les tropiques, tout reste malgré tout vert ; il y
a beaucoup d’arbres qui renouvellent sans cesse leurs feuilles). Nous sommes à
la fin de la saison des pluies, les dernières avant la saison sèche.
Par rapport
au climat j’ai eu quelques surprises.
D’abord la
chaleur : il y a des jours et des moments du jour où il fait vraiment
chaud. Ce qui m’avait surpris au début, c’est que les indigènes semblaient
souffrir presque plus de la chaleur que moi. J’entendais beaucoup de plaintes,
avec des allusions au déréglement climatique. Un jour j’ai fait part de mon
étonnement à un de mes frères : « Vous semblez souffrir de la
chaleur, alors que je croyais que vous étiez habitués et constitués
physiquement pour cela ? » Il m’a répondu : « Vous, en Europe,
quand il fait moins 5, vous ne faites pas les fiers non plus. Si vous n’êtes
pas habitués au très froid, nous on n’est pas habitués au très chaud ».
1-0.
Malgré
tout, la plupart du temps, alors que le climat de Kinshasa est étouffant, celui
du Kasaï est très supportable, car il y a une brise familière et le soir est
assez tempéré. Dommage que la nuit tombe si fort : à 19h il fait très noir
et comme l’électricité est un luxe…
Ici, nous
sommes entre les zones équatoriale et tropicale, on vit avec deux saisons et
des périodes plus nuancées. La saison des pluies qui va de la mi-août à la
mi-mai et la saison sèche et fraîche qui va de la mi-mai et la mi-août. Quand
je dis fraîche, c’est bien sûr relatif parce que cela ne descend pas tellement
au-dessous de 15, mais les frileux sortent tout de même les pulls… Comme je
n’ai pas encore vécu cette période, j’en parlerai en temps voulu et pour le
moment, la petite polaire que j’avais début mars pour l’avion de Bruxelles
reste au fond du sac de voyage !
Deuxième
surprise : les pluies.
Sans la
connaître j’avais la pire opinion de la saison des pluies. Depuis mon enfance,
je m’étais forgé en Europe des images terribles de mousson, de pluies
torrentielles et continuelles, bouillantes et en vapeur. C’est assez peu cela.
En fait la
réalité tient plutôt des orages de mon enfance, avec roulements de tonnerre
dans la nuit (j’adore), pluie
torrentielle d’une heure ou deux en après-midi. Puis un rafraîchissement
bienvenu de l’atmosphère. Il y aussi des jours de pluie, mais avec des
accalmies et dans une fraîcheur assez agréable.
Mais bien
sûr dans un pays où les conditions de vie sont précaires, les conséquences sont
là.
la grand route qui "permet" d'aller au séminaire de théologie et au Carmel
Les routes étant mal faites et les abords pas sécurisés, les eaux de pluie
ont la fâcheuse idée d’emprunter les mêmes endroits que les gens. Je me
souviens qu’en rentrant d’une messe en ville et sous la pluie j’ai eu
l’impression que nous roulions dans la Salentze (à Ovronnaz) boueuse et en
furie ! Là on circulait encore mais par exemple la route de la colline est
« pratiquement impraticable » quand il pleut, ce qui à cette saison
peut gêner un peu l’agenda et la programmation de nos activités…
Et après la
pluie ? Les immenses flaques permettent de faire de très belles photos
avec reflets, mais faire une photo c’est quelques millisecondes, et vivre dans
la boue un peu plus !
Et que dire
des gens qui vivent surtout aux abords de leurs petites cases. Ils sont dans la
poussière lorsque tout va bien et dans la boue quand tout va moins bien.
Les frères
racontent en riant que pendant leurs études à Kin (qui a des quartiers en
cuvette), après une pluie la chambre de Nicolas avait été inondée et plutôt que
de sauver ses notes de cours de l’université, il avait emporté son matelas. Il
ira loin ce garçon.
Une
troisième surprise
Il existe
aussi une deuxième saison sèche (une petite) qui vient en février couper un peu
la grande saison des pluies. Les gens disent que c’est un cadeau du Seigneur
qui leur permet ces semaines-là de récolter ce qu’il leur donne en fruits de la
terre. J’aime bien cette idée.
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