Tirons les leçons qui s’imposent. Le
processus de notre installation sur la colline a été rude et long (en tout cas
pour moi, car il semble que mes frères avaient une puce à l’oreille !). Ma
patience a été mise à l’épreuve et toute épreuve a du bon. Je vis cela comme
une leçon d’humilité devant les choses et devant les personnes. Et c’est
peut-être la plus belle leçon que les Africains me donnent, à moi trop habitué
à ce que les affaires tournent normalement sans me rendre compte de tout ce qui
est nécessaire pour que cela soit.
Un exemple emblématique : comment
prévoir de déménager des lits vendredi à 8h30 quand
1. on n’est pas sûr d’avoir une voiture
(nous dépendions d’une hypothétique voiture libre à la procure diocésaine ou à
l’archevêché)
2. on n’est pas sûr que la voiture qui est
libre ait un chauffeur libre et payé (sans paie, ils n’ont pas de raison de
partir)
3. on n’est pas sûr que la voiture ait une
batterie (la voiture libre de la procure fonctionnait pendant quelques jours
avec la même batterie que la génératrice de la procure : donc quand la
voiture est en marche, il n’y a pas d’électricité à la procure et donc les
ordinateurs de la procure ne fonctionnent pas et presque personne ne
travaille…)
4. on n’est pas sûr qu’il fasse beau
(et s’il pleut ce n’est pas la peine de partir car quand l’eau ruisselle sur la
piste de notre colline, celle-ci est impraticable...)
5. on n’est pas sûr qu’il n’y ait pas de
deuil dans une famille proche qui obligerait quelqu’un d’impliqué dans
l’aventure à s’absenter pour assister à la veillée (qui dure depuis la mort et
jusqu’à l’enterrement, avec participation diurne et nocturne de toute la
parenté et les amis de la parenté…). C’est arrivé deux fois durant les affaires
de ce mois.
Ces différents points ne s’additionnent
pas ; ils se démultiplient. D’autant plus que les mêmes problèmes
agitaient l’entreprise de construction qui devait finir la maison (+ le prix du
ciment, + les révoltes des maçons à qui on ne donnait rien à manger ...)
Face à tout cela, on se fait petit, humble
et on essaie de ne maudire personne parce que cela ne fait pas avancer les
choses (et il vaut mieux avoir Dieu et les puissances positives de son
côté !) et parce qu’on est tous embarqués dans la même galère…
En fait je pense qu’il faut inverser
complètement la perspective: En Europe nous sommes tellement habitués à ce que
tout marche bien que nous sommes agacés pour le moindre dérapage dans une
mécanique bien huilée (un train en retard, une lettre ou un mail qui n’arrive
pas, la tablette de chocolat que j'aime et qui manque dans les rayons…). Mais
surtout nous ne nous rendons plus compte ce qu’il faut comme effort et
discipline pour que la mécanique qui nous permet de vivre soit justement
huilée.
Ce que l’Afrique m’apprend, c’est d’être reconnaissant pour chaque
petite victoire des hommes dans le réseau des compétences diverses. Et être
moins pénible par rapport à ce qui ne fonctionne pas à la perfection.
Un grand et amical bonjour. Bien content de voir que le projet de la colline avance, bravo! Ce serait beau si on pouvait équilibrer un peu nos modes de vie... Bon dimanche et heureuse nouvelle semaine :-)
RépondreSupprimerJe suis super contente que tout se soit bien terminé ! c'est vrai que nous sommes des "gâtés". Je te souhaite beaucoup de courage (mais tu n'en manques pas) et une bonne continuation !
RépondreSupprimerLes Dames des Granges sont très contentes de vous savoir arrivés sur La Colline.
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