samedi 12 mai 2012

Leçons de patience, fin?


Tirons les leçons qui s’imposent. Le processus de notre installation sur la colline a été rude et long (en tout cas pour moi, car il semble que mes frères avaient une puce à l’oreille !). Ma patience a été mise à l’épreuve et toute épreuve a du bon. Je vis cela comme une leçon d’humilité devant les choses et devant les personnes. Et c’est peut-être la plus belle leçon que les Africains me donnent, à moi trop habitué à ce que les affaires tournent normalement sans me rendre compte de tout ce qui est nécessaire pour que cela soit.
Un exemple emblématique : comment prévoir de déménager des lits vendredi à 8h30 quand
1. on n’est pas sûr d’avoir une voiture (nous dépendions d’une hypothétique voiture libre à la procure diocésaine ou à l’archevêché)
2. on n’est pas sûr que la voiture qui est libre ait un chauffeur libre et payé (sans paie, ils n’ont pas de raison de partir)
3. on n’est pas sûr que la voiture ait une batterie (la voiture libre de la procure fonctionnait pendant quelques jours avec la même batterie que la génératrice de la procure : donc quand la voiture est en marche, il n’y a pas d’électricité à la procure et donc les ordinateurs de la procure ne fonctionnent pas et presque personne ne travaille…)
4. on n’est pas sûr qu’il fasse beau  (et s’il pleut ce n’est pas la peine de partir car quand l’eau ruisselle sur la piste de notre colline, celle-ci est impraticable...)
5. on n’est pas sûr qu’il n’y ait pas de deuil dans une famille proche qui obligerait quelqu’un d’impliqué dans l’aventure à s’absenter pour assister à la veillée (qui dure depuis la mort et jusqu’à l’enterrement, avec participation diurne et nocturne de toute la parenté et les amis de la parenté…). C’est arrivé deux fois durant les affaires de ce mois.
Ces différents points ne s’additionnent pas ; ils se démultiplient. D’autant plus que les mêmes problèmes agitaient l’entreprise de construction qui devait finir la maison (+ le prix du ciment, + les révoltes des maçons à qui on ne donnait rien à manger ...)
Face à tout cela, on se fait petit, humble et on essaie de ne maudire personne parce que cela ne fait pas avancer les choses (et il vaut mieux avoir Dieu et les puissances positives de son côté !) et parce qu’on est tous embarqués dans la même galère…
En fait je pense qu’il faut inverser complètement la perspective: En Europe nous sommes tellement habitués à ce que tout marche bien que nous sommes agacés pour le moindre dérapage dans une mécanique bien huilée (un train en retard, une lettre ou un mail qui n’arrive pas, la tablette de chocolat que j'aime et qui manque dans les rayons…). Mais surtout nous ne nous rendons plus compte ce qu’il faut comme effort et discipline pour que la mécanique qui nous permet de vivre soit justement huilée. 
Ce que l’Afrique m’apprend, c’est d’être reconnaissant pour chaque petite victoire des hommes dans le réseau des compétences diverses. Et être moins pénible par rapport à ce qui ne fonctionne pas à la perfection.

3 commentaires:

  1. Un grand et amical bonjour. Bien content de voir que le projet de la colline avance, bravo! Ce serait beau si on pouvait équilibrer un peu nos modes de vie... Bon dimanche et heureuse nouvelle semaine :-)

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  2. Je suis super contente que tout se soit bien terminé ! c'est vrai que nous sommes des "gâtés". Je te souhaite beaucoup de courage (mais tu n'en manques pas) et une bonne continuation !

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  3. Les Dames des Granges sont très contentes de vous savoir arrivés sur La Colline.

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