Les
différents travaux que nous entreprenons ou supervisons sont un délicieux et
détonnant cocktail de poings dans la poche, de sourires convenus, de victoires à
l’arraché, d’amertumes rentrées, de contentements épanouis. Parlons donc des
collaborations positives et roboratives. C’est le cas de celle que nous entretenons avec Fernand, le menuisier du village.
Il nous a
proposé ses services dès notre arrivée. C’est un petit jeune homme apparemment
assez fluet mais qui cache une personnalité forte et solide. Je le croyais
juste sorti de l’adolescence et de sa formation professionnelle apprise chez
son père, jusqu’à ce qu’il m’annonce que sa femme attend leur cinquième
enfant !
Ce gars est
un de ces artisans comme on les aime ! Très compétent malgré un outillage
assez défaillant, très inventif, passionné et très dévoué. Alors qu’on voulait
l’employer « à la tâche », comme ces tâches se multipliaient et que
nous ne savions plus comment comptabiliser et rémunérer, nous avons décidé de
l’engager jusqu’à la fin juin presqu’à demeure. Il a installé son établi sous
un manguier de l’esplanade.
Fernand (à droite) que ses amis viennent aider
ou visiter sous le manguier
et qui veulent être sur la photo...
Il y a tant
à faire ici et là, à la maison, et notamment à l’église dont les armoires de
la sacristie tombaient en ruine. Elles n'avaient plus d’étagères
(pourquoi ?) et l’ancien curé posait le calice et les livres au fond d’un
placard empoussiéré et accrochait ses ornements en loques à de vagues clous.
Fernand a mis des moustiquaires aux ouvertures béantes du local, fait des
étagères aux armoires qu’il a vernies, confectionné de magnifiques chandeliers
pour l’autel. Du très beau boulot.
Le chœur de
l’église a un très grand et beau Christ africain en bois cloué sur une croix en
métal, mais un des clous avait abîmé et arraché une partie de la main de Jésus.
Lors des premières messes on voyait une ficelle blanche retenir le Christ par
le bras dans un équilibre douteux…
Un jour,
Fernand vient candidement me dire qu’il veut me « montrer la main ».
J’avais oublié quelle main avait besoin de ses soins mais il me conduit devant
l’église où le crucifix est par terre avec un doigt tout neuf et… blanc :
la main avait été réparée à la perfection. Un coup de peinture et le Christ a
retrouvé toute sa majesté pour la fête de Pentecôte. Chapeau Fernand ! Cet
artisan est un artiste.
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