Quatre
postulantes des sœurs bénédictines, Agnès, Chantal, Rosalie et Rose, ont
terminé leur temps de probation et la mère supérieure s’était arrangée avec
Monseigneur l’archevêque qui est leur père fondateur pour qu’une cérémonie de
prise d’habits et d’entrée au noviciat ait lieu ce samedi 16 juin.
Malheureusement Mgr est très chargé et son chancelier encore plus que lui,
puisque ce dernier a oublié d’inscrire cette célébration dans l’agenda
épiscopal… Au dernier moment, c’est-à-dire le vendredi 15 à 20h, il faut
trouver une roue de secours. Ce fut moi. J’ai été nommé délégué épiscopal
spécial pour la célébration du lendemain à 10h.
Ce fut un
bon moment plutôt intimiste puisque seules nos deux communautés y participaient
dans la petite chapelle des soeurs.
Voici
comment se déroule une prise d’habit dans la pure tradition bénédictine*.
Chant du
Veni Creator : on demande l’appui de l’Esprit Saint de Dieu.
Lecture et remise de la Règle de Saint Benoît : la mère supérieure lit le chapitre où il est dit qu’il faut tout faire pour décourager les candidats afin d’éprouver leur vocation.
Le délégué épiscopal remet la règle à chacune, puis les
interroge sur leurs motivations et leur liberté de faire le pas…
La mère
supérieure lave les pieds des candidates.
Puis le Délégué épiscopal coupe une
mèche de cheveux de chacune comme signe de détachement du monde (en Afrique, ce
geste a une portée très grande et une symbolique forte)
Le délégué
épiscopal asperge et bénit les nouveaux habits (beiges) de nouvelles novices, puis
le leur remet. Elles sortent pour se changer et reviennent pour qu’on leur
mette le scapulaire (tissu monastique qui tombe en tablier devant et derrière)
et le voile blanc des novices.
Le délégué épiscopal
leur impose leur nouveau nom* ! En effet, elles reçoivent un nouveau
prénom précédé de Marie qui est choisi par la supérieure, qu’elles ne connaissent
pas à l’avance et qui remplace leur nom de baptême. Et le poids émotionnel est
donc intense. Cette fois les trois-quarts étaient très contentes. Pendant la
pause digestive du repas suivant, nous avons dû expliquer à la nouvelle Sr
Marie Catherine un peu éteinte que son nouveau nom était très bien et que
Catherine de Sienne était une grande sainte européenne et Catherine d’Alexandrie
une grande sainte africaine…Rose est devenue Sœur Marie Elisabeth, Chantal Sœur
Marie Lucie, Agnès Sœur Marie Jeanne et Rosalie Sœur Marie Catherine…
Le délégué
épiscopal (que les frères ont appelé Mgr, jusqu’à la fin du repas, fin de son
mandat !) remet à chacune une croix. Puis nous chantons un chant d’action
de grâce et terminons la messe.
Le repas
fut gai, l’après-repas arrosé. Et le reste de l’après-midi fut utilisé à se
remettre de toutes ces émotions.
* Je précise que le rituel a été adapté de
l’abbaye bénédictine de Florence qui est à l’origine du monastère de la colline
et où la mère supérieure a fait sa formation. C’est un monastère très strict et
traditionnel. Certains aspects racontés ici paraissent d’un autre âge. Beaucoup
d’autres monastères ont des visions plus ouvertes de la vie et de l’engagement
des moniales. Notre monastère s’ouvre aussi et cherche encore son chemin dans
l’arbre bénédictin !
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