mardi 19 juin 2012

Un cheveu de moins et un prénom de plus


Quatre postulantes des sœurs bénédictines, Agnès, Chantal, Rosalie et Rose, ont terminé leur temps de probation et la mère supérieure s’était arrangée avec Monseigneur l’archevêque qui est leur père fondateur pour qu’une cérémonie de prise d’habits et d’entrée au noviciat ait lieu ce samedi 16 juin. Malheureusement Mgr est très chargé et son chancelier encore plus que lui, puisque ce dernier a oublié d’inscrire cette célébration dans l’agenda épiscopal… Au dernier moment, c’est-à-dire le vendredi 15 à 20h, il faut trouver une roue de secours. Ce fut moi. J’ai été nommé délégué épiscopal spécial pour la célébration du lendemain à 10h.
Ce fut un bon moment plutôt intimiste puisque seules nos deux communautés y participaient dans la petite chapelle des soeurs.
Voici comment se déroule une prise d’habit dans la pure tradition bénédictine*.
Chant du Veni Creator : on demande l’appui de l’Esprit Saint de Dieu.
Lecture et remise de la Règle de Saint Benoît : la mère supérieure lit le chapitre où il est dit qu’il faut tout faire pour décourager les candidats afin d’éprouver leur vocation.

Le délégué épiscopal remet la règle à chacune, puis les interroge sur leurs motivations et leur liberté de faire le pas…
La mère supérieure lave les pieds des candidates. 
Puis le Délégué épiscopal coupe une mèche de cheveux de chacune comme signe de détachement du monde (en Afrique, ce geste a une portée très grande et une symbolique forte)


Le délégué épiscopal asperge et bénit les nouveaux habits (beiges) de nouvelles novices, puis le leur remet. Elles sortent pour se changer et reviennent pour qu’on leur mette le scapulaire (tissu monastique qui tombe en tablier devant et derrière) et le voile blanc des novices.


Le délégué épiscopal leur impose leur nouveau nom* ! En effet, elles reçoivent un nouveau prénom précédé de Marie qui est choisi par la supérieure, qu’elles ne connaissent pas à l’avance et qui remplace leur nom de baptême. Et le poids émotionnel est donc intense. Cette fois les trois-quarts étaient très contentes. Pendant la pause digestive du repas suivant, nous avons dû expliquer à la nouvelle Sr Marie Catherine un peu éteinte que son nouveau nom était très bien et que Catherine de Sienne était une grande sainte européenne et Catherine d’Alexandrie une grande sainte africaine…Rose est devenue Sœur Marie Elisabeth, Chantal Sœur Marie Lucie, Agnès Sœur Marie Jeanne et Rosalie Sœur Marie Catherine…
Le délégué épiscopal (que les frères ont appelé Mgr, jusqu’à la fin du repas, fin de son mandat !) remet à chacune une croix. Puis nous chantons un chant d’action de grâce et terminons la messe.
Le repas fut gai, l’après-repas arrosé. Et le reste de l’après-midi fut utilisé à se remettre de toutes ces émotions.


* Je précise que le rituel a été adapté de l’abbaye bénédictine de Florence qui est à l’origine du monastère de la colline et où la mère supérieure a fait sa formation. C’est un monastère très strict et traditionnel. Certains aspects racontés ici paraissent d’un autre âge. Beaucoup d’autres monastères ont des visions plus ouvertes de la vie et de l’engagement des moniales. Notre monastère s’ouvre aussi et cherche encore son chemin dans l’arbre bénédictin !

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