Notre
colline est un lieu de pèlerinage et a un monastère de bénédictines. Avant
notre implantation notre archevêque avait nommé un recteur du sanctuaire et
aumônier des sœurs, le P. Pascal, un petit abbé pétillant, avec qui nous avons
vécu quelques jours et qui en faisait « soit pas assez, soit trop ».
Il était supposé habiter la colline, et y vivre, mais seulement supposé (parce
que n’ayant pas de salaire, il fallait bien qu’il gagne son pain et ne pouvait
compter sur la collecte de sa messe dominicale ; il nous avait avoué que
ses paroissiens faisaient une ovation à la messe lorsque la quête dépassait
1500 frc = 1frs50 !)
Messe dans notre
église de la colline
- Ici
beaucoup de curés trafiquent pour gagner leur vie. Le mot trafiquer n’est pas
que péjoratif dans le français du Congo. Il peut signifier simplement commercer (mais la zone
« grise » semble assez importante) . Les prêtres pour remplir leur
porte-monnaie ou plutôt leur assiette ont des activités annexes. Ils vendent
les produits de leur jardin ou s’occupent d’acheminer des produits ou denrées
qui leur rapportent une plus-value. –
Mais
revenons à la pastorale. L’organisation pastorale des paroisses congolaises est
extrêmement bien structurée et les laïcs y ont une place de choix. (Petit cours de tshiluba : un mulami,
des balami, assistants pastoraux laïcs !) Nous avons plusieurs balami
sur notre paroisse. Il y a aussi des catéchistes, des responsables de
mouvements… Lorsque, pour faire le point de l’état pastoral de notre paroisse,
nous avons convoqué tous les responsables, il y en a trente, dames et messieurs, qui sont venus pour
une réunion animée par André qui est notre responsable de la liturgie.
Réunion des responsables des groupes paroissiaux
Le numéro 2
de la paroisse, incontournable, c’est Monsieur Casimir, un ancien et un sage.
Au titre de mulami en chef, il organisait et animait la prière le dimanche dans
l’église lorsque le curé ne pouvait pas être là, pour des raisons que seul le
Saint-Esprit connaît, et encore ! Monsieur Casimir est aussi le directeur
de la petite école qui se trouve au village du flanc nord-ouest de la colline
(à 10 minutes à pied), et qui attire environ 150 élèves qui viennent des
différentes petites cases et hameaux depuis le pont sur la Lulua et sur tous les
flancs de la colline. Monsieur Casimir est aussi sacristain en chef et il nous est
d’un grand secours pour notre installation pastorale. A côté de ses différents
mandats qui ne doivent pas lui rapporter grand chose, Monsieur Casimir fait
aussi du trafic. Il nous a dit un jour qu’il avait une moto si nous en avions
besoin. En fait il nous la « louait » volontiers. Il a en effet une
moto qui lui rapporte 10 dollars par jour, parce qu’il la loue à ce prix à un
jeune conducteur casse-cou qui fait le taxi dans la ville et qui vit (plutôt
bien) avec ses courses, moins l’essence, moins les 10 dollars qui permettent à
Casimir d’acheter la nourriture de sa famille…
Monsieur Casimir,
mulami en chef
Mais
revenons encore à notre pastorale. Sur la trentaine de responsables chrétiens
que nous avons rencontrés, il y avait des charismatiques (plusieurs groupes,
mais isolés et qui ont besoin de se connaître et de se rencontrer, et que nous
les rencontrions !), des responsables de groupements laïcs (légionnaires
de Marie, mamans chrétiennes, jeunes, scouts, enfants K+A*, groupes de foyer), des
catéchistes, des choristes engagés…
Une
institution importante dans les diocèses du Congo, ce sont les CVB (communautés
vivantes de base, plus ou moins vivantes selon la vigueur de leurs responsables).
Comme les paroisses sont souvent très grandes et les curés éloignés, les CVB
assurent la proximité des chrétiens ; des responsables les rassemblent une
fois par semaine pour lire la parole de Dieu et préparer, à tour de rôle, la
liturgie du dimanche (lectures, prières universelles). Il y a effectivement
plusieurs CVB sur notre paroisse mais on a senti leurs responsables un peu
fatigués. Ils et elles ont besoin d’un élan nouveau et surtout d’encouragement.
Rencontre dans une
communauté éloignée
pour qui nous avons le projet de remplacer le lieu de prière
par une chapelle plus digne !
pour qui nous avons le projet de remplacer le lieu de prière
par une chapelle plus digne !
Progressivement
nous prenons en main cette pastorale passionnante. Nous voulons encadrer et
encourager nos paroissiens et leurs responsables, accompagner les sœurs
bénédictines (messes, récollections, prières), animer la colline (présence de
prière, de travail, d’aménagement et d’accueil). Les frères sont diacres jusqu’en
août. Il faut nous organiser en conséquence, c’est-à-dire avec un prêtre blanc
qui ne parle pas vraiment la langue locale et des paroissiens qui ne sont que
40% à comprendre le français (la
messe de la paroisse est en grande partie en tshiluba dit par les diacres, et
la messe du monastères des sœurs en français). Puis lorsque les frères seront
prêtres, toute notre pastorale prendra un nouvel élan.
La grande
partie de notre activité et présence religieuse est « canoniale », c’est-à-dire
se fait par la prière de l’office de chœur : prière du matin (laudes), du
milieu du jour, du soir (vêpres) et de l’entrée dans la nuit (complies). Pour
presque toutes nos vêpres célébrées au sanctuaire de Notre-Dame du Kasaï, Dieu
nous offre un magnifique coucher de soleil sur les collines à l’ouest. Rose
plus que de cartes postales…
Vêpres et coucher de
soleil
La prière
est donc bien partie et la prise en charge pastorale se déroulera donc petit à
petit, kakese kakese en tshiluba.
C’est une expression que j’ai vite apprise et qui est toute une philosophie de
base nécessaire en Afrique.
*NB les K+A sont des groupes d'enfants et jeunes qui se réunissent dans le patronage des saints jeunes martyrs ougandais Kisito et congolaise Anuarite.
*NB les K+A sont des groupes d'enfants et jeunes qui se réunissent dans le patronage des saints jeunes martyrs ougandais Kisito et congolaise Anuarite.
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