Les clichés sur un pays ou un peuple sont
souvent une variante banalisée du racisme. Avec l’Afrique je me rends compte -
à la longue et dans le vif du sujet - que c’est très vrai. Les clichés procèdent
(comme le racisme) de l’ignorance, de la généralisation abusive et de la
facilité intellectuelle. Rien n’est simple dans la vie. Ma position actuelle
est celle-ci : tous les clichés sur l’Afrique et les Africains ont leur
part de vérité et leurs contraires sont tout aussi vrais !
Aujourd’hui :
« Les Africains
sont pauvres mais au moins ils sont joyeux et heureux avec peu. Ils ont une
simplicité que nous Européens avons perdue ».
Incroyable
cliché. Il y a effectivement, au cœur même des problèmes immenses de l’Afrique,
une insouciance, une joie et un humour « colorés » qui font du bien au visiteur et qui
tranchent avec la terne vie du Nord. Mais à ceux qui croient en Europe que
l’Afrique est le continent de la joie de vivre et du farniente dans une
pauvreté rayonnante, il faut dire que c’est un cliché mythique et faux. Le taux
d’hypertendus et de dépressifs est en train d’augmenter de façon alarmante en
Afrique.
Analysons.
La vie des
Africains ordinaires n’est pas « simple » et de loin ! Peut-être
qu’une des différences entre la pauvreté et la misère se trouve dans l’idée de
simplicité. La pauvreté rend simple et rend la vie simple ; elle simplifie
la vie. Telle est la pauvreté lorsqu’elle peut être sainement vécue par les
bons religieux qui en font vœu.
Par contre
la misère dans laquelle se débat la quasi-totalité des Congolais, ne rend pas
du tout la vie simple, mais la complique à souhait. Le manque total de moyens
fait que l’on est toujours sur le qui-vive par rapport à ce que l’on va être
demain, manger demain.
L’impossibilité de voyager normalement complique la vie
à la fois de ceux qui ont des moyens de locomotion (qui tombent souvent en
panne à cause de la mauvaise qualité de routes pas entretenues) et de ceux qui
n’en ont pas pour qui c’est un problème d’aller acheter des produits
ordinaires, d’aller au dispensaire en cas de maladie, d’aller faire des études
quand les écoles secondaires sont éloignées. Face à cela rien n’est
programmable, le chemin de la vie est toujours sur un fil du rasoir.
C’est un
mythe et un cliché de croire que la vie des Africains est plus
« simple » que celle des Européens. Et je me demande si l’insouciance
qu’ils arborent quelquefois n’est pas une manière de résister à la fatalité et
aux souffrances en faisant comme s’elles n’étaient pas là.
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