jeudi 2 août 2012

Tragédies ordinaires

Mercredi 1er août, sept heures du matin.  Avec une cinquantaine de nos paroissiens et avec nos sœurs bénédictines, nous célébrons la messe « contre la guerre et pour la paix dans l’est du pays » dans le cadre des journées de prière demandées par la Conférence congolaise des évêques.
Vers la communion, une moto passe sur la route, plus haut à une cinquantaine de mètres, mais elle gène notre prière car elle traverse la colline en klaxonnant avec une régularité lancinante. Un deuil.
Brouhaha à travers les bancs de la chapelle. Puis une vieille dame sort en pleurant…
Plus tard à la sortie, quand les informations ont circulés (très rapidement, comme je le vois mystérieusement ici), nous savons que le petit fils de la dame est mort et que la moto apportait le corps dans notre village, d’où la famille qui habite Kananga est originaire.
Plus tard encore, nous avons plus d’informations sur ce tragique voyage. La moto dont le conducteur était Albert le fils de nos voisins amenait le jeune qui conduit parfois notre voiture à notre demande (André et moi devions aller en ville et nous ne sommes pas encore assez assurés pour y aller seuls)… Sur le chemin ils apprennent le décès du jeune garçon de 2 ans qui était malade. Ils rebroussent chemin et prennent la maman avec le petit décédé dans les bras, entre eux sur la moto. Dramatique équipage à quatre, sur les 12 km qui séparent la ville et le village.
Ici, peut-être parce qu’on ne peut pas faire autrement, la mort n’est pas évacuée de la vie ordinaire et quotidienne. La mort, les deuils, avec fête, ivresses et lamentations sont là au cœur de la vie.
Souvent en ville, on voit des cortèges funèbres avec des cercueils de toutes grandeurs et toutes couleurs transportés  sur des… vélos. Avec musique et grand concours de gens.


Magasin de cercueils toutes couleurs et grandeurs
sur la rue à Kananga,
entre lit nuptial et fauteuil d’octogénaire !
La vie quoi !

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