Nous avons célébré nos prières et messes dans le petit sanctuaire de
Notre-Dame du Kasaï. Grande joie. J’ai beaucoup de choses à raconter mais pour
aujourd’hui j’en resterai à l’acceuil, ou plutôt aux accueils…
Dans ce
pays, toute installation implique une cérémonie d’accueil qui attire les voisins.
Ceux-ci mettent des palmes et des fleurs sur la nouvelle maison et accueillent
les nouveaux arrivants avec chants et danse. En retour les installés offrent un
petit discours de merci et surtout un café (pour les mamans) et de quoi
l’arroser (pour les papas) ! Comme il y a un côté gagnant-gagnant (surtout
pour les voisins qui viennent) les cérémonies d’accueil ont un bel avenir
devant elle.
Cela devait
se passer pour nous comme cela. Nous avons des voisins qui habitent les flancs
de notre colline. Mais il y a eu plusieurs faux départs puisque nous prévoyions
d’arriver, mais n’arrivions jamais quand c’était prévu ! De plus c’est le
curé (c’est-à-dire le prêtre responsable de la colline qui va changer de
ministère à cause de l’arrivée de notre communauté) qui a voulu prendre en main
les choses et il est tellement fantasque (et même plus !) qu’il a organisé
coup sur coup trois accueils (avec voisins rameutés) loupés parce que nous
n’avions finalement pas prévu de venir.
Un de ces
derniers jours j’arrive avec 4 matelas dans une voiture, Nicolas était déjà sur
place avec une autre voiture de déménagement, qui avait transporté des chaises,
des tables de salon et des seaux à eau. Et voilà que je trouve devant notre
maison une assemblée de 50 personnes que le curé - avec une chemise blanche et
propre - avait rassemblés. J’étais sale comme tout travailleur en sueur. Et je
me retrouve au centre d’un grand groupe de mamans en bel atour de pagnes
colorés. Je suis un peu gêné, (surtout que je vais partir de suite et que pour
l’arrosage du café, ils et elles devront attendre la prochaine fois en espérant
que ce soit la bonne). Nicolas me
souffle la parole de salutation en tchiluba. Je l’ai sortie avec succès (quatre
syllabes !) et je fus acclamé par ces mamans qui m’entourent. J’essaie de
prendre une petite fille toute mignonne dans les bras. Celle-ci se met à
hurler en me griffant le visage pour se défendre contre ce grand monstre blanc
dont elle ne comprend rien. Les mamans rient. J’ai le visage en sang, la chemise
tachée de la poussière que la fillette me laisse en rageant avec ses pieds et
je repars comme cela ! On fera mieux la prochaine fois, en espérant que ce
soit la bonne.
Et ce
mardi, ce fut la bonne (même si c’était prévu samedi et éventuellement lundi, pour la marge!).
On arrive donc. Les villageois sont devant la maison. Les dames chantent des
chants de bienvenue et dansent en plumant (car elles doivents agiter des branches), à mon grand dépit, le joli massif de
plantes vertes qui est juste devant notre petit escalier. Les couplets du chant
sont improvisés et racontent la joie qu’ils ont de voir la colline revivre et
un Père blanc (mou-toqué) venir vivre avec eux… c’est très sympa. Les gens
arrivent au fur et à mesure, à la fin ils seront presqu’une centaine. Le groupe
des scouts fait aussi une entrée fracassante d’autant plus qu’on croyait qu’il
n’y avait pas de groupes de jeunes dans ces hameaux. Ce fut une bonne surprise.
Nos voisines sœurs
bénédictines arrivent aussi. Trois d’entre elle se chargent de préparer le café
pour tout ce monde et le souper pour nos deux communautés.
La soirée s’avance
dans une ambiance très sympa. Comme la nuit tombe vite, j’ai vécu un moment que
je n’oublierai jamais. Je vois un
garçon d’environ 7 ans qui porte son petit frère d’environ 1 mois, tout petit. Je
me dis que celui-là ne va pas me griffer et je le prends dans mes bras. Tout se
passe bien mais entre temps, en dix minutes, tout devient sombre. Et parmi tous
ces visages sombres je ne retrouve plus le grand frère qui est allé jouer avec
ses copains, content de n’avoir plus son fardeau. Je ne sais plus à qui remettre
le bébé qui fut charmant et très coopératif avec l’étranger. Je me suis demandé
si je n’allais pas devoir l’adopter… Mais en fait le grand frère est finalement
venu le rechercher au moment où les villageois se retiraient.
La soirée a
fini avec le souper et la prière du soir avec les sœurs bénédictines, sous un magnifique
ciel étoilé, dans la cour de la maison qui a été apprêtée et râtelée par les enfants des
écoles en attendant fleurs et gazon. Ce fut une journée inoubliable et inattendue, et cela d’autant
plus qu’elle fut longtemps attendue!
Photos peut-être la prochaine fois, car vu la précipitation finale du départ, je ne savais plus où j'avais mis l'appareil. Ce seront donc les photos de mes confrères plus prévoyants...
Photos peut-être la prochaine fois, car vu la précipitation finale du départ, je ne savais plus où j'avais mis l'appareil. Ce seront donc les photos de mes confrères plus prévoyants...
Bonjour Guy,
RépondreSupprimerJ'ai lu avec beaucoup d'émotion et de rire ton installation sur la colline. En fait je crois que les photos ne sont pas si nécessaire, car, tu recontes tellement bien tes aventures que ce n'est pas trop difficile d'imaginer les scènes. Quoi que...celle de la petite fille et du blanc ou alors le grand blanc et le tout petit bébé noir...
Avec mon amitié et ma prière
Marion
Merci Guy de nous faire partager tes aventures ! Les choses ne se déroulent pas toujours comme on le voudrait. Il y a parfois des surprises, des imprévus ... mais au final tout s'est bien passé.
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