jeudi 10 mai 2012

Les accueils ratés et finalement l’accueil réussi.

Nous y sommes! Et nous sommes arrivés sur notre colline mardi et depuis hier nous sommes déjà connectés! Drôle de monde vraiment où il est plus facile d'avoir internet que l'eau courante (pour le moment nous n'avons que l'eau marchante que les mamans nous apportent sur la tête!)
Nous avons célébré nos prières et messes dans le petit sanctuaire de Notre-Dame du Kasaï. Grande joie. J’ai beaucoup de choses à raconter mais pour aujourd’hui j’en resterai à l’acceuil, ou plutôt aux accueils…
Dans ce pays, toute installation implique une cérémonie d’accueil qui attire les voisins. Ceux-ci mettent des palmes et des fleurs sur la nouvelle maison et accueillent les nouveaux arrivants avec chants et danse. En retour les installés offrent un petit discours de merci et surtout un café (pour les mamans) et de quoi l’arroser (pour les papas) ! Comme il y a un côté gagnant-gagnant (surtout pour les voisins qui viennent) les cérémonies d’accueil ont un bel avenir devant elle.
Cela devait se passer pour nous comme cela. Nous avons des voisins qui habitent les flancs de notre colline. Mais il y a eu plusieurs faux départs puisque nous prévoyions d’arriver, mais n’arrivions jamais quand c’était prévu ! De plus c’est le curé (c’est-à-dire le prêtre responsable de la colline qui va changer de ministère à cause de l’arrivée de notre communauté) qui a voulu prendre en main les choses et il est tellement fantasque (et même plus !) qu’il a organisé coup sur coup trois accueils (avec voisins rameutés) loupés parce que nous n’avions finalement pas prévu de venir.
Un de ces derniers jours j’arrive avec 4 matelas dans une voiture, Nicolas était déjà sur place avec une autre voiture de déménagement, qui avait transporté des chaises, des tables de salon et des seaux à eau. Et voilà que je trouve devant notre maison une assemblée de 50 personnes que le curé - avec une chemise blanche et propre - avait rassemblés. J’étais sale comme tout travailleur en sueur. Et je me retrouve au centre d’un grand groupe de mamans en bel atour de pagnes colorés. Je suis un peu gêné, (surtout que je vais partir de suite et que pour l’arrosage du café, ils et elles devront attendre la prochaine fois en espérant que ce soit la bonne).  Nicolas me souffle la parole de salutation en tchiluba. Je l’ai sortie avec succès (quatre syllabes !) et je fus acclamé par ces mamans qui m’entourent. J’essaie de prendre une petite fille toute mignonne dans les bras. Celle-ci se met à hurler en me griffant le visage pour se défendre contre ce grand monstre blanc dont elle ne comprend rien. Les mamans rient. J’ai le visage en sang, la chemise tachée de la poussière que la fillette me laisse en rageant avec ses pieds et je repars comme cela ! On fera mieux la prochaine fois, en espérant que ce soit la bonne.
Et ce mardi, ce fut la bonne (même si c’était prévu samedi et éventuellement lundi, pour la marge!). On arrive donc. Les villageois sont devant la maison. Les dames chantent des chants de bienvenue et dansent en plumant (car elles doivents agiter des branches), à mon grand dépit, le joli massif de plantes vertes qui est juste devant notre petit escalier. Les couplets du chant sont improvisés et racontent la joie qu’ils ont de voir la colline revivre et un Père blanc (mou-toqué) venir vivre avec eux… c’est très sympa. Les gens arrivent au fur et à mesure, à la fin ils seront presqu’une centaine. Le groupe des scouts fait aussi une entrée fracassante d’autant plus qu’on croyait qu’il n’y avait pas de groupes de jeunes dans ces hameaux. Ce fut une bonne surprise.
Nos voisines sœurs bénédictines arrivent aussi. Trois d’entre elle se chargent de préparer le café pour tout ce monde et le souper pour nos deux communautés.
La soirée s’avance dans une ambiance très sympa. Comme la nuit tombe vite, j’ai vécu un moment que je n’oublierai jamais. Je  vois un garçon d’environ 7 ans qui porte son petit frère d’environ 1 mois, tout petit. Je me dis que celui-là ne va pas me griffer et je le prends dans mes bras. Tout se passe bien mais entre temps, en dix minutes, tout devient sombre. Et parmi tous ces visages sombres je ne retrouve plus le grand frère qui est allé jouer avec ses copains, content de n’avoir plus son fardeau. Je ne sais plus à qui remettre le bébé qui fut charmant et très coopératif avec l’étranger. Je me suis demandé si je n’allais pas devoir l’adopter… Mais en fait le grand frère est finalement venu le rechercher au moment où les villageois se retiraient.
La soirée a fini avec le souper et la prière du soir avec les sœurs bénédictines, sous un magnifique ciel étoilé, dans la cour de la maison qui a été apprêtée et râtelée par les enfants des écoles en attendant fleurs et gazon. Ce fut une journée inoubliable et inattendue, et cela d’autant plus qu’elle fut longtemps attendue!
Photos peut-être la prochaine fois, car vu la précipitation finale du départ, je ne savais plus où j'avais mis l'appareil. Ce seront donc les photos de mes confrères plus prévoyants...

2 commentaires:

  1. Bonjour Guy,

    J'ai lu avec beaucoup d'émotion et de rire ton installation sur la colline. En fait je crois que les photos ne sont pas si nécessaire, car, tu recontes tellement bien tes aventures que ce n'est pas trop difficile d'imaginer les scènes. Quoi que...celle de la petite fille et du blanc ou alors le grand blanc et le tout petit bébé noir...
    Avec mon amitié et ma prière
    Marion

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  2. Merci Guy de nous faire partager tes aventures ! Les choses ne se déroulent pas toujours comme on le voudrait. Il y a parfois des surprises, des imprévus ... mais au final tout s'est bien passé.

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