jeudi 17 mai 2012

Notre-Dame du Kasaï


Derrière le titre d’accueil de ce blog, j’ai inséré une photo très typique de la beauté de notre colline avec le petit sanctuaire pointu qui abrite la statue de Notre-Dame du Kasaï. C’est une chapelle ajourée d’un beau grillage. Une trentaine de personnes peuvent y prier.

Dès notre arrivée, nous avons décidé d’y célébrer nos offices et messes puisque l’église est trop grande, pas très intime ni très  propre (et pas terminée !), et que le petit oratoire que nous aménageons dans la maison est encore en chantier poussiéreux… Et ce fut une très bonne idée. Car nous nous sentons très bien pour la prière. Nous sommes abrités et en même temps nous bénéficions de levers et de couchers de soleil splendides, et si nous chantons en chœur et avec cœur, les gens qui passent sur la route en rentrant des champs ou se rendant à Kananga à pied ou à vélo nous entendent et nous voient (à 50 m). C’est pour eux que nous prions et que nous sommes là…

Pour préparer la prière, André et moi sommes allés nettoyer le lieu (comme c’est à l’air libre cela demandera un certain entretien régulier). Nous avons vécu une belle aventure symbolique avec la statue de la Vierge. Il faut dire que dans le milieu religieux de Kananga, nombre de prêtres et de sœurs nous avaient dit que cette statue n’incitait pas à la dévotion et que son installation en 1991 ne fut pas une réussite. Personnellement j’étais assez d’accord d’autant plus que j’aurais préféré une statue carrément africaine (celle-ci ne semble avoir aucune race précise)…  Toujours est-il qu’on comptait sur nous pour améliorer les choses.
Avec mon œil très européen, j’avais remarqué que la statue était posée sur une table en bois qui n’était pas symétriquement au milieu de la chapelle et qu’en plus elle penchait bizarrement (les indigènes n’avaient pas remarqué cela mais simplement qu’elle n’incitait pas à la prière – différence culturelle et cultuelle !). Comme nous lavions le sol, j’ai proposé à André de la centrer. 

On essaie de déplacer la table, mais celle-ci, pourrie, manque de s’écrouler. Nous retenons à grand peine la statue en bronze massif, d’un mètre de haut mais étonnamment lourde comme trois éléphants… Nous appellons des gens à la rescousse. Et finalement on pose la statue debout par terre à notre hauteur, et dans l’axe de symétrie … Nous installons l’autel de côté et des bancs  tout près et voilà que Marie se trouve être comme une sœur priante et une mère priée à nos côtés…
Amélioration audacieuse, improvisée, imprévue et provisoire en attendant les réactions des pèlerins !
Ensuite, dès le lendemain, avec des gens du village qui passaient nous voir, nous avons décidé d’améliorer le chemin qui descend légèrement de la route et de la maison vers le sanctuaire. Les curieux sont devenus travailleurs : on a réquisionné des papas et des enfants qui ont été très heureux de nous aider, fiers qu’ils étaient de voir leur sanctuaire être désormais réhabilité et leur colline habitée.

Ce mercredi, nous avons eu 15 personnes à notre messe du matin à 7h. Nous avons dû installer deux bancs supplémentaires. Une très belle messe que j’ai dite en français (sauf le Notre Père) et que les frères et fidèles ont chantée en tshiluba. A la fin, André, qui est notre responsable de la liturgie, a fait un discours pour dire que ceux qui avaient été adeptes des sectes devaient proclamer publiquement la foi catholique avant de communier (c’est un enjeu majeur de la pastorale ici et j’en parlerai dans un prochain article). Une dame a demandé la parole pour dire que certains ne devaient pas communier parce qu’ils étaient mariés sans le sacrement du mariage (autre enjeu pastoral !).  André a mis les choses au point !
A la sortie je demande à André s’il ne faudrait pas ajouter encore un banc, pour une prochaine fois. Il est plus réaliste que moi et semble avoir compris le lien entre l’affluence à la messe et le travail de débroussaillage par lequel nous offrons du travail à certains papas du village… Attendons donc pour voir !

2 commentaires:

  1. Cette petite chapelle est très belle ! Et profiter des levers et des couchers de soleil, c'est génial !
    Quant aux enjeux pastoraux.... André met l'église au milieu du village, c'est le cas de le dire !

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  2. Très belle cette image du "recentrage" de la Vierge .... dans nos vies ?

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