mercredi 29 août 2012

Action « Minervales »


Je ne connaissais pas le mot minervales avant mon arrivée au Congo. Cela désigne en Belgique et dans son ex-colonie les frais scolaires pour les écoles supérieures (taxes d’inscription et d’enseignement).
Ici la rentrée arrive le 3 septembre, et avec elle les gros soucis des parents de pouvoir assumer pour leurs enfants : la minervale, les frais annexes (pour les jeunes qui étudient loin de leur famille : nourriture et logement), les uniformes scolaires (chemises blanches, jupes et pantalons bleus). Les difficultés financières énormes découragent quelques fois et la déscolarisation laisse souvent des enfants et des jeunes intelligents au bord des chemins. Cette idée m’est insupportable. Ma communauté a donc décidé de verser une goutte de solidarité dans cet océan de besoin.


Nous avons aidé les jeunes des écoles secondaires et supérieures (cette année les élèves de primaires n’auront pas de taxes scolaires à payer, et donc nous avons moins de souci pour eux !). Par contre les frais pour les plus grands représentent beaucoup de journées de travail pour leurs parents (ici sur la colline, une journée de travail aux champs vaut 1 Frs, c’est dire !)
Mais il ne faut plus rien donner aux Africains sans sueur et sans travail si nous voulons que la leçon porte à plus long terme. C’est ainsi que nous avons décidé de subventionner le travail de ces jeunes (ils sont une trentaine à avoir participé à l’action) que nous avons mis avec des outils  sur la route qui traverse la colline. C’est une route publique et fréquentée mais l’Etat ne l’entretient plus depuis longtemps, ce qui fait qu’elle va être impraticable à cause des rigoles et des fossés lorsque la saison des pluies qui s’annonce sera là.


Il faut débroussailler les bords, creuser des échappées d’eau, remblayer avec de la terre, de vieilles briques et éventuellement de la caillasse les fossés que les précédentes pluies ont creusé de façon presque inimaginables.


C’est du travail, et cela mérite salaire. Mais quant à savoir si cela sera utile longtemps pour la route, c’est une autre question, qu’il vaut mieux pas trop « creuser » (c’est le cas de le dire) si nous ne voulons pas désespérer comme pour beaucoup de choses ici au Congo…
La Route et l’Education. Si l’Etat investissait de façon massive (cet argent qu’il a, mais qui part on ne sait où), intelligente et durable dans ces deux domaines, comme ce pays irait mieux !



 PS.
Quand on lance une action, on n’est perçoit pas tous les problèmes collatéraux. Ceux-ci furent d’ordre œcuménique. Ici l’état somnolent de la paroisse avant notre arrivée a fait le beurre des autres Eglises, minuscules mais bien présentes : nous côtoyons aux alentours de notre colline des témoins de Jéhovah, des néo-apostoliques, des adventistes, des sectes du réveil…
Comme je pense qu’il faut balayer d’abord devant sa porte, notre action « minervales » s’adressait  aux jeunes, habitant la paroisse et étant catholiques (les autres n’avaient qu’à s’adresser à leur pasteur !). Et ce qui devait arriver est arrivé. Beaucoup de gens qui priaient dans les églises parallèles se sont trouvé tout à coup des attachements très forts avec l’Eglise catholique. Des parents néo-apostoliques engagés sont même venus me présenter leur enfant en disant que ce n’est pas parce que eux ne sont pas catholiques que leurs enfants ne peuvent pas l’être… Je ne m’en sortais plus…
J’ai pensé – malencontreusement – à cette phrase de l’histoire médiévale cathare : « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens ! ». Très malencontreusement.

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