dimanche 26 août 2012

Chrysalide


Entre deux fêtes de première messe j’en profite pour découvrir le village de Ndekesha, ancienne mission qui connut des heures de gloire et de beauté à l’époque coloniale et qui maintenant menace ruine à chaque tournant de chemin. Je me promène avec mon confrère Nicolas pour visiter ces vestiges quand on nous annonce qu’une veuve est morte ce matin dans une maison, là-bas. On l’enterre demain.

Nous décidons de faire une visite à cette aînée dans la foi qui est partie sur son chemin d’éternité. Notre chemin nous conduit derrière l’église, derrière les ruines du couvent des sœurs, derrière un lycée décrépit, derrière un mur qui s’effiloche… Là le curé de la paroisse a fait construire deux masures très simples pour accueillir les veuves indigentes qu’il soutient avec ses fidèles comme il peut.
Nous trouvons des dames et leurs familles, des gens de tous âges, empoussiérés, affairés à des affaires de rien : vaisselles, cassages de noix… Pendant que mon confrère converse, je cherche le cercueil. Est-il à l’intérieur ? D’habitude l’exposition funéraire a lieu à l’extérieur, dans la cour… Je suis perplexe.
En fait le cercueil était à mes pieds. Ce que j’avais pris pour une natte roulée près de la porte, était bien le cercueil tressé et fermé par des fibres de palmiers. Et la défunte était là… Non, elle est ailleurs, me dit ma foi.
Nous avons prié un moment sur cette chrysalide monstrueuse et dérisoire, fragile et minuscule.  Il faut que Dieu existe, sinon tout s’effondre dans une poussière et un désespoir infinis.

PS
Cette aventure met des bémols à mes idées sur le respect des morts que je croyais être une qualité absolue de l’âme africaine. D’autant que plus tôt dans la matinée j’avais vécu une autre aventure qui allait dans ce sens. A la sortie de la messe, André convie sa famille et ses amis à faire une visite et une prière sur la tombe de sa maman. Pour nous rendre au cimetière, nous partons direction brousse sur un chemin qui devient de plus en plus étroit. Puis je vois, dans les ronces et les broussailles, des croix, des pierres tombales en béton. On continue encore sur une sente à peine dégagée. Et dans une petite clairière de rien, la tombe de la mamon qu’on époussette un peu en alignant de vieux lumignons terreux.
La prière est belle et digne….
Mais pourquoi donc ne pas apporter plus de soin au cimetière. C’est comme si les Africains étaient exagérément soucieux d’accompagner les défunts de leur mort au cimetière mais plus d’entretenir ce lieu du souvenir. « Les gens sont tellement pauvres qu’ils ont d’autres soucis, d’autres priorités ! » m’a-t-on répondu. Une réponse que ne me satisfait qu’à moitié. 

"Qui donc me sauvera?
L'arbre est abattu par une hache;
Je tombe dans l'eau? le crocodile!
Je tombe sur terre? le lion
Je reste dans l'arbre ? le serpent
Je mettrai ma confiance dans l'ange du Seigneur!"
(J'ai vu plusieurs de ces tableaux dans les maisons congolaises!)

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