samedi 15 septembre 2012

Bilan ... en 13 pierres blanches et colorées!


Et voilà. Demain je prends l’avion pour rentrer en Europe. 
C’est la fin de ce blog, en tous cas sous cette forme. Je remercie tous ceux qui m’ont fait l’amitié de me suivre sur ce chemin ou sur quelques étapes. C’était une aventure magnifique à vivre et aussi à raconter.
Tirer un bilan est périlleux. Alors je m’en sors avec une pirouette et ces
... 13 choses que je n’aurais jamais imaginé faire dans ma vie :

1. Présider le chapitre général d’une congrégation en fondation !


Pour un prêtre européen vivre une fondation c’est un rêve fantastique qui redonne du souffle, vivre une mission en Afrique est une expérience hors du commun, difficile, stressante mais combien dynamisante. Il y a à peine cinq ans, j’aurais dit que c’étaient pour moi deux utopies absolues (fonder et missionner !). Comme quoi la vie offre des opportunités extraordinaires à qui… ose !

2. Voir Guy-Luisier dans les bras d’une belle maman africaine !


Etre nommé dans une famille (donner son nom complet à un nouveau né) est un honneur insigne. Guylaine-Luisier (telle que nous avons fini par l’appeler pour ne pas gâcher son avenir féminin)  est un bébé aussi magnifique que sa maman ; et son papa est désormais selon la tradition locale mon papa et selon la tradition universelle mon ami.

3. Vendre des choux sur un marché tropical
C’étaient les 300 premiers choux de notre potager et, vendus sur le marché de Kananga, ils ne nous ont rapporté que 2O Frs suisses, mais quand même, je n’aurais jamais pensé vivre cela !

4. Voir des gens très contents parce que j’ai prêché… dans une langue que je ne parle pas !


Le rêve de tout charismatique… Après une messe dominicale de la colline, la rumeur (terriblement efficace en Afrique) a couru jusqu’à Kananga que j’avais prêché en ciluba. En fait je n’avais fait que commenter en français les mots ciluba suivants : Yesu diampa dia moyo (Jésus pain de vie) et Moyo wa kashidi (vie éternelle). Comme j’ai répété à l’envi ces mots ciluba pour développer mon idée, cela a fait impression !

5. Décider s’il faut tuer ou non une chèvre qui a le nez qui saigne !


Une de nos chèvres a eu la bonne idée de tomber malade un jour que j’étais seul sur la colline (tous mes frères absents) ; la sentinelle a paniqué un peu et j’ai dû décider s’il fallait la tuer ou non. En fait j’ai décidé de patienter et la chèvre a guéri !

6. Etre millionnaire, tout en ayant fait vœu de pauvreté !


1000 frs congolais c’est pratiquement 1 Frs suisse ou un dollar environ, selon les aléas du change. Dès lors que j’allais chercher à la banque 1000 USD, que m’envoyait mon abbaye de Suisse pour les besoins de mon apostolat congolais, je me promenais comme un millionnaire en ville. Et on peut en faire du bien, avec 1000 frs suisses dans un pays du Sud. C’est exaltant et gratifiant -  pour tous -  d’être un millionnaire solidaire !

7. Confondre un tapis et un cercueil !


Les cercueils des pauvres sont ici en fibres de palmier. Un jour j’ai confondu un cercueil (posé devant une maison, en attendant l’inhumation) avec une natte roulée !

8. Recevoir la même journée cinq aspirants à la vie de chanoines.


Le rêve absolu de toutes les congrégations européennes. J’ai vécu cela ; mais sans être naïf je sais bien qu’il faudra beaucoup de temps, de patience et de discernement pour que les innombrables aspirants (une cinquantaine en 6 mois !) deviennent … quelques bons chanoines !

9. Voir un commerçant affirmer en grand sur sa devanture « Dieu me suffit » !

L’économie africaine est exsangue, mais la bonne humeur et l’espérance l’empêche de sombrer. Je ne gagne peut-être pas grand chose mais Dieu me suffit, osent dire en toutes lettres certains commerces urbains. On a envie d’aller dépenser chez eux.

10. Circuler à toute allure sans casque sur une moto dans une ville de 1'200'000 habitants !


A Kinshasa (12 mio d’habitants) c’est formellement et vigoureusement déconseillé de prendre une moto-taxi.  Comme à Kananga il n’y a que 1mio 200'000, c’est une petite ville provinciale ! Alors on ose, malgré les histoires macabres racontées, car souvent on ne peut pas faire autrement.

11. Manger des fourmis rouges, dont certaines étaient vivantes.


Mais je les ai occis dans la sauce avant de vite les avaler. Il paraît que j’aurais dû quand même les mâcher un peu, c’est meilleur. On fait comme on peut, mais c’est une expérience à faire !

12. Monter une entreprise artisanale !


Avec le menuisier, nous avons créé et organisons progressivement la menuiserie de la colline. A tâtons, car nous manquons et lui et moi de connaissances en économie pour être vraiment efficaces (tenue de comptabilités, gestions des stocks, des salaires, des ressources humaines, prix de ventes et d’achat), même si au point de vue artisanal le menuisier est un champion. Ce serait génial si cette petite entreprise pouvait progressivement se développer et s’émanciper de notre communauté qui actuellement la soutient.

13. Prier les laudes presque chaque jour avec sous les yeux un soleil levant rouge sur des brumes blanches!

Le sanctuaire où nous prions tous les jours domine à l’est la Lulua embrumée d’où sort à 6h50 un ballon rouge magnifique.
Merci Seigneur, pour chaque jour de ces 6 mois !

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