Disons-le
d’entrée, puis passons à autre chose. Ce n’est pas ici que je maigrirai.
Peut-être sur la Colline avec un régime austère de trappiste en carême, mais
ici, en ville, non.
D’abord le
boire. Ici on ne boit que de la bière (de la Skol, ce qui fait que je pense
souvent au curé de Finhaut, dont le petit chien porte comiquement le même
nom ! Salutations à Jean-Pierre et à ses Fignolins). On boit aussi de
l’eau mais comme boire de l’eau est ici aussi nécessaire que respirer, cela ne
compte pas…
De la bière
donc. Or, déjà en Europe, je n’aime pas ce goût âcre. Mais j’ai compris qu’on y
échappait pas. La plupart du temps on ne sollicite pas votre avis et vous avez
votre bouteille de 72 cl. devant vous avant d’avoir trouvé la parade.
A Kinshasa,
on vous demandait ce que vous souhaitiez, mais je ne m’en tirais pas mieux. Une
fois, une maman d’André (ici, les tantes, cousines et amies très chères sont
toutes nos mamans), Ma Véro donc, chez qui nous étions invités, me demande ce
que je souhaite boire en apéritif. Je saute sur l’occasion et je lance :
« un sucré », c’est-à-dire coca ou fanta. Je la vois partir dans le
couloir, faire demi-tour et me déclarer avec conviction : « Vous ne
voulez pas plutôt une bière ». J’ai compris que c’était comme si j’avais
demandé un sirop menthe, pendant une raclette dans un carnotzet de Saillon.
Le manger
maintenant. On mange plutôt bien. L’impression est que chaque repas est composé
de plats variés, mais finalement
que la cuisine est assez monotone au fil des jours… Sauf les grands
moments dont je parlerai plus bas à ceux qui ont l’estomac bien accroché.
Les repas
sont plutôt des buffets. Lorsque vous êtes invités : sur une crédence ou
au milieu de la table, s’alignent une dizaine de casseroles en émail colorés,
dans lesquels vous trouvez du riz, des pâtes, des légumes (surtout des feuilles
cuites, genres épinards exotiques), de la viande (poulet, lapin, chèvre, boeuf…),
du poisson cuit en sauces… En sus la petite coupelle de piment et une sorte de
petite barrique en plastique contenant le foufou du coin, une pâte amidonnée de
maïs et de manioc, que les Kasaïens mangent à la main comme le pain chez nous…
Si vous
mangez de tout, vous avez l’impression de manger tous les jours, matin et soir,
la même chose. C’est donc à vous d’adapter vos buffets d’un jour sur l’autre si
vous tenez à éviter la monotonie.
A partir
d’ici, les âmes et estomacs sensibles sont priés d’émigrer sur un autre blog.
Le nec-plus-ultra de la cuisine congolaise : les chenilles et les fourmis.
Lorsque dans un repas d’invitation, mes frères voient la casserolle des
chenilles, ils trépignent d’aise, en vrais chanoines, avec une candeur que je
leur envie. J’ai décidé d’en manger, parce que ce n’est pas la peine d’être au
Kasaï pour se nourrir comme à Chemin-Dessus. Les premières chenilles que j’ai avalées
étaient petites et noires baignant une sauce assez ragoûtante et avec un goût
et une impression de lardons grillés, j’ai assez aimé. Mais à un autre repas,
puis un autre, chaque fois les chenilles grandissaient et devenaient striées…
On m’expliquait que les grandes sont plus difficiles à préparer car il faut
enlever les arêtes… Bon, voilà…
Les fourmis
maintenant. Aujourd’hui au centre de la table des sœurs diocésaines qui nous
invitaien trônes un plat de fourmis rouges, baignant dans une sauce huileuse et
agrémentées de rondelles d’oignons.
Je sens à l’ambiance que c’est le
« foie gras » de chez nous… J’en mets sur bord de mon assiettes déjà remplie
du buffet sus-mentionné. C’est alors que je vois qu’une des fourmis est sur le
dos et bouge les pattes. Comme la Sœur Chantal est sympa, je lui dis que j’ai
une fourmi vivante dans mon assiette. Elle me répond : « pas de
problème, noyez-là dans la sauce à côté ! »… J’ai fini presque fini
mon assiette, n’ai laissé que les os du ragoût de chèvre et une demi-chenille
qui ne me descendait plus.
Je sais que
beaucoup croiront que ces derniers paragraphes sont un canular, mais je jure
sur la tête de saint François d’Assise parlant aux chenilles et aux fourmis que
c’est vrai.